Nos histoires restent d'un banal à pleurer. On croit que notre douleur est ineffable, qu'aucune autre ne peut l'égaler. Alors jalousement, on la couve, on la garde pour soi et on l'entretient avec soin. Au plus froid de l'hiver, elle se ravive quelque fois dans nos nuits d'errance et de solitude, et le temps d'une larme elle nous laisse à nu, livré aux quatre vents. Puis elle se rendort et laisse mourir Décembre dans toute sa douceur. Les mois défilent, inlassables et enlacés, le vague à l'âme mais l'espoir chevillé au corps. Et un beau matin, sans y prendre garde, le soleil s'éveille sur nos jours de Juin. Le temps est passé et avec lui s'égraine cette sensation de vide. La chaleur de ce printemps qui meurt vient doucement caresser notre peau, et dans une ivresse naissante ravive les plus cruelles humeurs de l'âme. Le vent tiède nous anéhanti. Il est là, tout près de nous. Ressurgi du passé, le fantôme des nos amours perdues nous guette, patiemment, et attendant son heure qui arrive à pas de loup. Et sans cirer gare, il se jette sur nous, se nichant au coin des rues, derrière une date, en arrière plan de nos photos. La déchirure. La vide. Nous sommes emportés, aspirés, broyés. Depuis toi et moi, je n'aime plus l'été.


Et c'est toi que je pleurerai demain,
Quand tu m'auras laissée,
Quand tu m'auras repris,
Bien plus que tu ne m'auras
donné...

J'ai tellement marché, tellement parlé, tellement aimé ton ombre,

Qu'il ne me reste plus rien de toi,

Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres ...